C'est un ouvrage étrange qui
sort des sentiers battus. Louvoyant entre réalité improbable et
inventions véridiques, Otrochenko joue avec la langue et l'imaginaire
d'une façon qui n'est pas sans rappeler Borges.
Ce petit livre contient trois
recueils de textes courts. Dans « Les langues de la tour de
Nemrod », l'auteur présente différentes langues parlées par les
peuples qui construisaient la tour de Babel, comme par exemple celle
des Ziolks : « Toutes les paroles et tous les écrits des
Ziolks sont en réalité des proverbes, des dictons et des expressions
toutes faites. Il n’existe pas de libres associations de mots dans la
langue ziolk. Ni de mots libres. Il n’y a pas de dictionnaires ziolks
où les mots seraient livrés à eux-mêmes. Il n’y a pas chez les Ziolks
de pensée qui aurait besoin de mots ayant une existence propre. »
Ou celle des Iourougoundes :« Tout mot de cette langue
consiste en un assemblage de sons bien défini mais privé de sens. Le
sens, c’est le silence qui le donne. Le silence est le fondement du
langage iourougounde. »
Les « Figures du Don » mettent en scène des personnages
légendaires et loufoques de ce fleuve dont la rive droite (le côté de
la Crimée ») est en Occident et la rive gauche (« le côté des
Nogaïs ») est déjà en Asie.
Dans « Récits sur
Catulle », Otrochenko raconte la genèse de certains poèmes de
Catulle : « Tout ce que j’écris sur lui est vraisemblable. Je
ne me suis jamais écarté de cet intrigant personnage, poète
romain innocent, fou et bienheureux, l’idiot qui a reçu le baiser
divin. C’est l’image qui est née en moi et que j’ai profondément
aimée. »
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