Alexandre TCHAÏANOV

(1888-1937)

Après des études d’agronomie qu’il termina en 1910, Alexandre Tchaïanov partit pour un long voyage d’études en Angleterre, en France, en Allemagne et en Suisse. Parlant plusieurs langues étrangères, il enseigna et publia des travaux scientifiques qui le firent très vite connaître tant en Russie qu’à l’étranger. Proche des populistes, il se vit proposer le poste de ministre de l’Agriculture dans le gouvernement de Kerenski, un mois avant la prise du pouvoir par les bolcheviks. Durant les premières années du régime soviétique, il fut nommé directeur de l’Institut de recherches en économie agricole et fit encore plusieurs voyages à l’étranger. Devenu à l’époque un économiste réputé, il aurait pu rester en Europe, mais cet intellectuel russe de culture européenne ne pouvait imaginer son destin hors de son pays.

Passionné par le passé de la Russie, il se pencha sur l’histoire et les légendes du Vieux Moscou, collectionnait les cartes anciennes, les livres, les gravures et les antiquités. Il était capable de raconter pendant des heures l’histoire d’un quartier, d’une rue de la nouvelle capitale. C’est sur son initiative que fut créé, en 1918, un Comité de sauvegarde des trésors culturels et artistiques de la Russie.

Arrêté en 1930 et condamné comme ennemi du peuple lors du célèbre procès à huis-clos de « l’affaire du parti des travailleurs paysans », il passa cinq années dans la prison de Yaroslav, puis fut envoyé en relégation au Kazakhstan. De nouveau arrêté en mars 1937, il fut fusillé le 3 octobre.

Son œuvre littéraire, peu volumineuse, consiste en un petit recueil de poèmes, un roman intitulé Le Voyage de mon frère Alexis au pays de lutopie paysanne (sous le pseudonyme d’Ivan Kremniov), et cinq récits fantastiques écrits de 1918 à 1928 et publiés à compte d’auteur.

Ces récits, édités par Interférences sous le titre Diableries moscovites, se déroulent dans des cadres authentiques, les héros côtoyant des personnages légendaires qui ont néanmoins réellement existé. Le premier, à tout seigneur tout honneur, est dédié à Hoffmann.

Selon les souvenirs de sa femme, Mikhaïl Boulgakov nourrissait un amour pour particulier pour les récits fantastiques de Tchaïanov, ce qui ne peut qu’intriguer les amateurs du Maître et Marguerite.