Un classique de la littérature russe du XXe siècle

 

Ce récit, paru en français en 1975 aux éditions Calmann-Lévy, est l’un des premiers textes sur la Terreur et les répressions staliniennes écrits sur le vif. Il raconte, dans un style sobre et pudique, la vie quotidienne d’une Soviétique ordinaire brusquement confrontée à l’arrestation de son fils, et sa descente progressive dans ce qu’Oleg Volkov a appelé « les ténèbres », cette longue nuit dans laquelle ont été plongés tant de Russes au cours du XXe siècle.

Sophia Pétrovna est une femme sans histoires. Elle élève seule son fils, un garçon sérieux et travailleur, et ne s’intéresse absolument pas à la politique. Mais en Russie, dans les années 30 du XXe siècle, personne n’est à l’abri de l’arbitraire de l’État, même ceux qui n’ont rien à se reprocher.

À côté des récits sur les camps soviétiques comme ceux de Chalamov, à côté des études historiques, ce texte simple et poignant éclaire l’autre côté des barbelés, le monde de ceux et surtout de celles qui attendaient désespérément des nouvelles de leurs proches arrêtés et condamnés sans raison ni explication.

Écrit à la fin des années 30, à la même époque et dans le même contexte que le Requiem d’Anna Akhmatova (le titre sous lequel il est paru en Occident dans les années 70, La Maison déserte, est tiré d’un des poèmes de ce recueil), ce récit méritait d’être de nouveau accessible au public français, sous le titre et avec les corrections que souhaitait l’auteur.